14-17 juin 2021 Montpellier (France)
Que savent les bergers de Casabède ? Résilience et choix de transmission de l'occitan en Ariège en 2020
Alice Traisnel  1@  
1 : Laboratoire de linguistique diachronique, de sociolinguistique et de didactique des langues
Université Paul-Valéry - Montpellier 3 : EA739

Le projet de thèse SelCoDo (2020 - 2023) a pour ambition de dessiner un paysage linguistique des pratiques de la langue occitane sur le territoire régional Occitanie. Afin de mener à bien cette mission, nous collecterons et comparerons les manières de parler autant que les manières d'être et de faire aujourd'hui en occitan en Occitanie, selon les méthodes de l'École de Toulouse, et ce, sur plusieurs terrains que nous jugeons représentatifs à différents niveaux, socio-ethnolinguistiques mais aussi géo-écologiques. 

Un premier axe de travail se situe sur une comparaison diachronique des technolectes employés dans le milieu de l'élevage en Ariège, pays montagnard jugé plutôt résilient dans la conservation de ses parlers. Ces comparaisons sont possibles grâce aux travaux de thèse de Bruno Besche-Commenge dans les années 1970. 

Être berger aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec les années 1970. Ainsi, si les montagnes ariégeoises forment un territoire de pastoralisme « ancien », immuable par nature —quoique fortement soumis aux dérèglements climatiques actuels — les pratiques de garde des brebis ont changé ou sont soumises à de nouvelles contraintes (prédation, féminisation du métier, droit du travail, fonctionnement propre des groupements pastoraux, politique locale) ; les bergers-éleveurs locaux sont devenus des bergères-charpentières « étrangères ». Qu'en est-il alors de la pratique de la langue occitane ? Dans quelle mesure le savoir « ancestral », qu'il soit géographique ou pratique, est-il à la fois transmis ou non, reçu ou non, et explicité ou non entre éleveurs et berger.e.s? Quels sont les choses qui ne se transmettent qu'en occitan ? Dans quels espaces ? Pour quel emploi ? Dans quel but ?

Dans cette même lignée d'approche socio-ethnolinguistique, nous étudierons également le parler de Petite Camargue, zone lacustre d'élevage, de pêche et de tourisme, et qui fait également l'objet de descriptions littéraires et scientifiques diverses. Ces terrains nous permettront d'évoquer et de travailler la question de l'identité ancrée par la langue et dans la langue sur les territoires, ainsi que de soulever des questionnements sur l'impact réciproque des changements écologiques et d'aménagement des territoires dans la langue occitane. 

 Nous proposons, dans cette communication, d'examiner les premiers éléments de retour, après quelques mois de terrain sur ce travail et de livrer nos premières impressions sur le sujet. 


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