14-17 juin 2021 Montpellier (France)
Rebattre les cartes des langues : plurilinguisme, cartographie et territorialités en Nouvelle-Calédonie
Anne-Laure Dotte  1, *@  , Véronique Fillol  1, *@  , Gilles Pestana  1, *@  , Suzie Bearune  1, *@  
1 : Eralo, UNiversité de la Nouvelle-Calédonie
* : Auteur correspondant

 

À l'heure où la Nouvelle-Calédonie doit choisir son destin et se déterminer pour ou contre l'indépendance, maintes questions relatives aux identités se posent dans une société beaucoup plus diversifiée que ne le laisse penser son importance démographique (moins de 300 000 habitants). Souvent reconnue pour sa biodiversité, parfois pour sa véritable mosaïque ethnique, la Nouvelle-Calédonie est peut-être avant tout un étonnant exemple de glottodiversité. À la trentaine de langues kanak s'ajoutent celles de différentes diasporas du Pacifique, voire d'autres horizons encore. Dès lors, la société néo-calédonienne et son territoire archipélagique constituent des ingrédients privilégiés pour une exploration de la complexité des liens entre langues et territoires.

Souvent représentés de manière hermétique, homogène et figé, les territoires linguistiques sont cartographiés sans tenir compte de multiples facteurs qui font précisément la complexité et la richesse de la situation. Alors que les données de terrain attestent du multilinguisme généralisé quel que soit les espaces en Nouvelle-Calédonie, les cartes véhiculent une représentation uniformément « unilingue » des territoires.

Cette contribution vise à analyser les raisons de ce décalage qui passe souvent inaperçu mais qui est d'une grande portée heuristique, en particulier pour la problématique langue-s et territoire-s. Quelles sont ces dissonances entre représentations cartographiques, d'une part, et pratiques linguistiques, de « terrain », d'autre part ? Comment les expliquer, ? S'agit-il de problèmes de cartographie, de problèmes (socio)linguistiques ou d'ambiguïtés territoriales/géographiques ? ou bien encore, s'agit-il de difficultés qui se situent à l'interface de ces trois points du triptyque ?

À l'aune de nos domaines de recherche (linguistique océanienne, sociolinguistique et géographie), trois types de décalages seront examinés (i) l'idéologie monolingue des cartes face au plurilinguisme des individus et des groupes ; (ii) la conception linéaire des limites linguistiques cartographiées (avec de fausses isoglosses) face à des imbrications spatio-linguistiques et des transitions nettement plus subtiles sur le terrain ; (iii) la conception figée et topologique des cartes sur les langues (les territoires des langues sont des ensembles continus et contigus) face à la disposition avant tout réticulaire et le caractère mobile des langues dans l'espace néo-calédonien.


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