14-17 juin 2021 Montpellier (France)
L'arpenteur fourvoyé : traduction, topogénèse et toponymation en cartographie au XIXème siècle
Felix De Montety  1@  
1 : Pacte, Laboratoire de sciences sociales
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5194

En s'intéressant à des cas de noms de lieu d'Europe et d'Asie centrale improprement fixés par les cartes au cours du long XIXème siècle, alors que la géographie des érudits était remplacée par celle des explorateurs et des « nouveaux géographes », la présente communication propose de définir une analyse critique de la toponymie et des processus de topogénèse et de toponymation à l'aune de la notion de traduction. Celle-ci permet d'explorer quelques pistes de réflexion sur une approche localiste et collective des noms de lieu à hauteur de terrain, et d'appréhender le déplacement par lequel naissent les compromis toujours imparfaits entre les perceptions locales et le point de vue distant ou surplombant propre aux discours géographique et cartographique.

Comme l'ont montré les recherches historiques sur la dimension littéraire de la géographie, celle-ci est largement une science des mots, tandis la cartographie elle-même dispose d'un « langage » visuel singulier qui ne saurait que rarement se passer d'indications écrites : toutes deux constituent des modes d'appréhension du monde fondés sur des formes codifiées de représentation et de dénomination. Parmi les dimensions linguistiques de la géographie, il faut noter en particulier l'importance des constructions onomastiques déterminant le vocabulaire propre à la discipline (la terminologie géographique) et les noms de lieux (les géonymes et toponymes).

Pour étudier ces enjeux, je propose de m'appuyer sur des exemples historiques dans des territoires ayant fait l'objet d'explorations linguistiques et de cartographies entre le début du XIXème siècle et la première guerre mondiale, en Asie centrale et en Provence. En analysant des phénomènes aussi similaires dans des contextes très éloignés, j'entends apporter des éléments d'éclairage sur les processus à l'œuvre dans les perpétuelles négociations et évolutions dont sont l'objet les toponymes et géonymes, en fonction des usages locaux, de leur prise en compte, leur répression ou leur traduction par ceux produisant la géographie comme outil de gouvernement, comme science et comme imaginaire.


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