14-17 juin 2021 Montpellier (France)
Usages et contacts de langues dans les communautés Garifuna du Honduras
Jovan Kostov  1@  , Stéphanie Brunot  2, *@  
1 : Laboratoire de linguistique diachronique, de sociolinguistique et de didactique des langues  (DIPRALANG)  -  Site web
Université Paul-Valéry - Montpellier 3 : EA739
Université Paul Valéry Montpellier 3 Route de Mende 34199 Montpellier Cedex 5 -  France
2 : Laboratoire de linguistique diachronique, de sociolinguistique et de didactique des langues
Université Paul-Valéry - Montpellier 3 : EA739
* : Auteur correspondant

Les Garifunas se considèrent comme une seule nation désignée comme « un coin d'Afrique en Amérique Latine » et unifiée par l'imaginaire d'une seule et même langue parlée : le garifuna. La population garifuna s'étend le long de la côte atlantique depuis le Belize, le Guatelama ,le Honduras (140 000 locuteurs) —, jusqu'au Nicaragua. Les Garifuna s'autodéterminent principalement comme une population afro-descendante, historiquement affiliée aux Cimarrones, Palenqueros (ou Palenque) et continuent à transmettre, dans l'imaginaire collectif, leur non-soumission à l'esclavagisme. Ainsi, l'usage de la langue garifuna représente un enjeu identitaire considérable pour la reconnaissance de l'appartenance à la communauté garifuna hondurienne. Les derniers travaux de recherche en linguistique et sociolinguistique de P.E.De Nijs (2013), S.Haurholm-Larsen (2016) et de J-D. Quesada (2017) montrent cependant que la langue garifuna est vulnérable face à la langue dominante : l'espagnol. Ils font également état de la tendance des enfants et des jeunes à s'exprimer majoritairement en espagnol, notamment dans les départements de Colon et Atlántida, ce qui génère une certaine préoccupation pour la perte de la langue, présente dans les discours de la génération des grands-parents et des parents

 

Nous essaierons donc de mieux comprendre le phénomène de déplacement linguistique de la langue garifuna vers l'espagnol à travers une enquête sociolinguistique. La méthodologie qualitative s'est construite sur des observations, certaines spontanées et d'autres planifiées, des interactions intergénérationnelles familiales et statutaires dans neuf villages de la côte caraïbe du Honduras situés entre Triunfo de la Cruz et Santa Rosa de Aguán. La transmission de la langue garífuna a été observée dans un cadre pragmatique (F. Jacques, 1983), et nous défendrons l'hypothèse générale suivante : le parler garífuna varie selon l'âge, la génération et la situation géographique des interlocuteurs.

 

La règle générale qui prévaut au sein de la population étudiée est celle des interactions verbales intergénérationnelles (grands-parents, parents et enfants), caractérisées par le code-switching et le code-mixing « espagnol-garifuna », avec une présence dominante du garifuna. Les échanges verbaux en espagnol doublent entre la génération des grands-parents (52-67 ans) et celles des enfants (

 

Ces premiers résultats révèlent donc l'importance du rôle du locuteur - précisément celui qui appartient à la génération des « enfants » - dans l'évolution de la langue garifuna (De Pury, 2001). Nous pourrions qualifier l'attitude de la génération des enfants comme de résistante au discours garifuna, ou d'acte de « minorisation » (Matthey & Fibbi, 2010) envers la langue. Un raisonnement qui nous amène à la question suivante : « Aujourd'hui, quelles sont les caractéristiques de la langue qui sont transmises aux enfants dans les villages Garífuna du Honduras et selon quelles modalités ? ».

 

Références bibliographiques :

 

De Pury, S. (2002). Quand les langues réagissent. Cahiers critiques de thérapie familiale et de

pratiques de réseaux, 29, 239-249.

Jacques, F. (1983). La mise en communauté de l'énonciation. Langages, 70, 47-71.

Matthey, M. & Fibbi, R. (2010). La transmission intergénérationnelle des langues


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