Notre contribution s'attache à dégager et à analyser l'identité linguistique intervenant dans la construction et le traçage des territoires dans la ville d'Alger. Nous approchons la ville dans la mesure où elle « est un lieu d'hétérogénéité qui permet de poser la question de la variation, du changement, du contact de langues, à propos d'identités » (MONDADA, 2000 : 59). D'un point de vue théorique, nous nous référons à la sociolinguistique urbaine qui étudie la ville comme une matrice discursive façonnée par les comportements socio-spatiales des sujets. Notre réflexion prend appui sur une enquête de terrain effectuée par entretien semi-directif auprès des six habitants/usagers des deux quartiers Ben Aknoun et Bachjarah, que nous avons interviewé dans la rue et au sein des places publiques. Afin de répondre à la thématique du colloque, nous jugeons pertinent de varier notre échantillonnage spatial pour avoir une vue d'ensemble sur la capitale, notre premier terrain d'investigation se situe au centre et le second à la périphérie. L'analyse sera plus intéressante lorsqu'on prend en considération les particularités des deux agglomérations. L'étude ambitionne d'interroger la dimension linguistico-spatio-identitaire de la capitale en problématisant l'identité linguistique définit par BULOT comme un « ensemble des opérations que mènent un sujet tant qu'il se pose comme distinct des autres par l'affirmation voire la revendication d'un système de valeurs sociolinguistiques autonome » (2013b : 61-62), en rapport au territoire qui renvoie à « un découpage et un traçage de limites variables posant des aires, des espaces sociaux en contact voire en conflit » (BULOT, 2013a : 124). A ce titre, l'objectif est celui d'approcher les discours obtenus afin de mieux identifier les composantes d'une identité linguistique susceptible de dessiner des territoires car « ce qui est important, ce n'est pas ce que les gens parlent ou écrivent, mais c'est comment ils parlent, écrivent et communiquent » (TSOFACK, 2008 : 4). Nous analyserons les comportements linguistiques des locuteurs relatifs à l'arabe dialectal, au français et au berbère, nous relèverons également, les distinctions phonologiques entre le parler benaknounien et le parler bachjarahien afin de répondre à l'interrogation qui orientera le cheminement de notre étude : comment l'identité linguistique fabrique-t-elle des territoires ? Nous organiserons notre communication de cette manière : nous commencerons par la présentation du sujet, puis notre démarche théorique et méthodologique qui sera suivie de l'analyse de notre corpus, et nous terminerons par une conclusion qui fait une brève synthèse des résultats. Cette recherche soulève une divergence/nuance des conduites linguistiques. Les Benaknouniens territorialisent leur parler en créant une certaine centralité linguistique, alors que les Bachjarahiens s'inscrivent dans l'uniformité de l'appellation parler algérois.

Bibliographie

BULOT. Thierry, « Le français les langues et les villes », dans BULOT. Thierry et BLANCHET. Philippe, Une introduction à la sociolinguistique. Pour l'étude des dynamiques de la langue française dans le monde, Paris, Editions des archives contemporaines, 2013a, p. 113-152.

BULOT. Thierry, « Variation et norme d'une langue », dans BULOT. Thierry et BLANCHET. Philippe, Une introduction à la sociolinguistique. Pour l'étude des dynamiques de la langue française dans le monde, Paris, Editions des archives contemporaines, 2013b, p. 43-71.

MONDADA. Lorenza, Décrire la ville. La construction des savoirs urbains dans l'interaction et dans le texte, Paris, Economica, 2000.

TSOFACK. Jean-Benoît, « (Re) produire, marquer et (s') approprier des lieux (publics) de ville par les mots ou comment les murs (dé)font les langues à Dschang », communication présentée à la 12ème Assemblée générale du CODESRIA, Yaoundé, 7-9 décembre, 2008, p. 1-25. www.codesria.org/IMG/pdf/jean_Benoit_Tsofack.pdf.