Décréter une politique linguistique d'un état nécessite un passage prudent par plusieurs paramètres, historique, social, géolinguistique, culturel...etc. Cependant, l'aménagement linguistique d'un pays est loin d'être un acte politique isolé, une politique linguistique réussie est souvent, caractérisée par la pluridisciplinarité dont l'aspect scientifique jumelle les décisions politiques intelligentes, en contrepartie, les décisions politiques prises sous un angle unilatéral et orphelin de toutes autres diversités, et richesse de la communauté linguistique, auront des conséquences imprévisibles et néfastes pour la paix et développement national et international.
Dès l'aube de son indépendance obtenue en 1962, la politique linguistique de la nouvelle république algérienne décrète précipitamment la langue arabe classique comme l'unique langue nationale et officielle de l'état, le coup d'envoi de l'arabisation fut rapidement donné par le président Ben Bella (1962-1965) qui a promulgué, le décret du 22 mai 1964, le premier décret portant sur l'arabisation de l'administration. Ce décret fut suivi du décret n° 64-147 du 28 mai 1964 relatif à l'exécution des lois et règlements (1964) imposant l'arabe dans la rédaction des lois et règlements. Désormais, l'unilinguisme obligatoire est officialisé, les autres fondements identitaires et historiques de la communauté linguistique, des pratiques langagières enrichissantes, (le Berbères, le français, l'espagnol, l'arabe local) qui constituaient les langues maternelles de millions d'individus, seront vite remplacées par une seule langue que personne ne parle.
68 ans après, Quelles seront les conséquences démo et géolinguistiques de ces décisions ? Quelles sont les portées éducatives et instructives et culturelles ?
A travers cette communication, nous essayons de retracer la chronologie de la politique linguistique depuis 1962 jusqu'à ce jour pour dégager sa corrélation avec les changements sociolinguistiques marquantes, pour cela, nous avons mené une étude pratique sur les variations actuelles du parler des jeunes, par élaboration de corpus que nous soumettrons à une analyse sur les différents axes d'empruntes linguistiques, ainsi que l'émergence de nouvelles pratiques linguistiques de résistance.
Nous allons aussi, expliquer comment le monolinguisme a ajourné les portées développentales tout en accélérant le phénomène de l'émigration vers d'autres pays linguistiquement confortables.
Références :
Benazzouz, A, (2013), Parler...jeune : pour dire quoi ? Retour sur une enquête menée à l'Université de Mostaganem », Insaniyat / 124-107 ,2013 | 61-60 ,إنسانيات.
Berque, J. (1978). Structures sociales du Haut-Atlas, 2ème éd. PUF, 544p.
Leclerc, J. (2020), L'aménagement linguistique dans le monde http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/algerie.htm
Moulasserdoun, F,(2016), Les variations linguistiques dominantes dans le parler algérien, in, Kiraat, ASPJ, Numéro 06/Juin, pp 37-58.
Moreau, M-L. (1997). Sociolinguistique, Concepts de base, Mardaga, Liège.
Souriau, C.(1975). L'arabisation de l'algerie, Institut de recherches et d'études sur les mondes arabes et musulmans, in, Open édition,pp 375-397.
Tounsi, L. (1997), Aspects des parlers jeunes en Algérie, in, Langue française, 114 pp. 104-113.