14-17 jun. 2021 Montpellier (Francia)
Symbolique des lieux et des langues dans l'espace scolaire : quelle place pour le romani et l'élève rom à l'école ?
Marija Apostolovic  1, 2@  
1 : DILTEC EA2288
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
2 : DIPRALANG EA739
Université Paul-Valéry - Montpellier 3

Dans le cadre de ses politiques minoritaires, la Serbie reconnaît, entre autres, l'identité culturelle, linguistique et ethnique des minorités nationales, en l'occurrence celle des Roms. Une attention particulière est également portée à l'inclusion de cette population dans la société. Le romani avec des éléments de culture nationale est alors introduit dans les écoles primaires en 2015/2016. Or, la question est toutefois de savoir quelle est la place occupée par le romani et par l'élève rom au sein de l'école. En quoi l'espace scolaire pourrait-il être révélateur de leur position ?

Notre analyse s'appuie sur une partie d'un corpus élaboré en 2018 et 2019 dans le cadre de l'enquête sur le dispositif d'enseignement du romani dans les écoles primaires en Serbie. Les entretiens semi-directifs ont cherché à ressortir les représentations sur l'enseignement/apprentissage du romani par les enseignants et leur rapport à cette langue. Les entretiens collectifs avec les élèves roms nous ont permis de saisir leurs représentations de l'enseignement/apprentissage du romani à l'école. À partir de cette analyse, nous voulons d'une part démontrer que le romani est considéré comme un handicap (Young, 2011) à la maîtrise du serbe et par conséquent à l'intégration scolaire et sociale (Akkari et Gohard Radenkovic, 2002, p.156). L'usage du romani est alors souvent interdit et sanctionné dans les lieux dédiés à l'apprentissage des savoirs. Toutefois, l'exception est la classe de romani demeurant un lieu de confinement (De Guomoëns, De Pietro & Jeannot, 1999, p. 8) à la pratique du romani, mais aussi un lieu de valorisation du répertoire langagier des élèves roms. D'autre part, la cour de récréation ou la classe d'ESP apparaissent comme des zones d'intersection linguistique (Sabier, 2006, p.77) car la langue de l'école et celle de famille y cohabitent librement. Ainsi, le romani détient une place marginale à l'école car l'apprentissage et l'intégration sont envisagés uniquement par le biais du serbe.

Cette communication propose de mettre en lumière, à travers l'analyse des liens entre l'espace scolaire et les langues, ainsi que les enjeux qui les sous-tendent, la place du romani, et par ailleurs celle de l'enfant rom, à l'école serbe.

 

Références :

Akkari, A. J. & Godhard-Radenkovic, A. (2002). Vers une nouvelle culture pédagogique dans les classes multiculturelles : les préalables nécessaires. Revue des sciences de l'éducation, vol. 28 (1), 147-170.

De Guomoëns, C., De Pietro, J.-F. & Jeannot, D. (1999). Des activités d'éveil au langage et d'ouverture aux langues à l'école : vers une prise en compte des langues minoritaires. Bulletin suisse de linguistique appliquée, vol. 69 (2), 7-30.

Sabier, C. (2006). Symbolique des lieux et structuration linguistique de l'espace scolaire : comment les élèves redessinent les frontières à l'école. In Hélot, C., Hoffmann, E. & Young A. (Éds), Écarts de langue, écarts de culture. À l'école de l'Autre (pp. 75-86). Peter Lang.

Young, A. (2011). La diversité linguistique à l'école : handicap ou ressource ?. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, vol. 55 (3), 93-110.


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