L'incertitude plane sur les origines des échecs, certaines histoires racontant que leurs origines remontent à la Chine, à l'an 200 avant JC. Les premières traces attestées des échecs ne se situent en fait qu'au VIIème siècle, puis ce jeu s'est propagé à la Perse sassanide. La terminologie actuelle des échecs est née, en effet, avec le mot « Chess » dérivant de « Shah » signifiant roi en persan, et « Checkmate » de « Shahmat », ou le roi est mort. Après la conquête islamique de la Perse au VIIème siècle, les échecs ou « shatranj » ont été introduits dans le monde arabe, pour devenir la passion de certains califes et grands dignitaires. De plus, avec les routes de la soie, le jeu des échecs est retourné en Chine et en Asie, avant de prendre sa forme définitive, en Europe et partout dans le monde.
Depuis, ce jeu, qui représentait en Inde, avec ces différentes pièces, l'armée indienne, a subi moult changements avec des styles et des écoles variés qui ont évolué avec le territoire, rendant les échecs un jeu mondial.
Tout comme le jeu, la terminologie des échecs a également changé et évolué, gardant parfois des traces de son passage dans les différentes régions du globe terrestre. Ainsi le « fou » français est un « fil » (éléphant) en arabe, terme qui a été emprunté par plusieurs langues dont le turc « fil », et l'espagnol « alfil », lui-même emprunté au jeu indien où il s'agissait d'un éléphant, l'un des éléments constitutifs de l'armée indienne ; tandis qu'il est appelé « Bishop » (évêque) en anglais sous l'influence de la culture en référence à la figure ecclésiastique.
D'autre part, on pourrait se demander pourquoi les joueurs d'échecs, pour désigner leurs mouvements et stratégies, utilisent des termes comme ‘en-passant', ‘Napoléon Opening', ‘Zugzwang', termes qui appartiennent à des langues diverses telles que le français, l'allemand, et l'arabe. De plus, certains termes sont tellement standardisés qu'on ne pense plus à quelle langue ils appartiennent.
Ce jeu transculturel et trans-territorial que sont les échecs possède donc une terminologie riche dans sa diversité.
Nous nous proposons donc, dans le cadre de notre intervention, d'analyser différents termes désignant des pièces et des stratégies du jeu des échecs et ce dans différentes langues. Notre démarche qui se veut descriptive et analytique à la fois vise donc à étudier ces termes, synchroniquement et diachroniquement, de par leurs origines (emprunt, invention, selon la fonction, traduction) et leurs structures linguistiques, sans oublier pour autant l'influence des cultures qui les ont adoptées, re-nommées, et transférées.